6 spécialités culinaires portugaises et leurs villes à découvrir

Aujourd’hui, je vous balade dans plusieurs villes au Portugal afin de vous faire découvrir quelques spécialités culinaires portugaises. Des spécialités divers et variées : plat, dessert, boisson … qui font parties de l’ADN gastronomique du Portugal. C’est parti !

1 : Cozido das Furnas aux Açores

On l’oublie souvent mais le Portugal comprend le Portugal continental et deux archipels : Madère et les Açores. Chacun de ces archipels a de nombreuses spécialités culinaires. Aujourd’hui, j’ai choisi de vous parler d’une des spécialités des Açores, plus précisément une spécialité du village de Furnas situé sur l’ile de São Miguel.

Ce plat, c’est le « Cozido Das Furnas » qui signifie « cuit dans les fumerolles » et qui est une sorte de pot-au-feu cuit à la chaleur du volcan. Sur l’île de São Miguel, l’activité volcanique est encore très présente. Les volcans sommeillent, mais les sources d’eau chaude et les geysers sont omniprésents.

A Furnas, dans la zone des « caldeiras » (« chaudières » en français), à côté du lac, parmi les fumerolles, des trous sont creusés dans le sol afin d’y cuire le fameux plat local :le Cozido. Sur le continent portugais on l’appelle « cozido à portuguesa », aux Açores, en raison de la cuisson faite dans les fumerolles des volcans, il s’appelle « cozido das furnas ».

Ce pot-au-feu « à la portugaise » est préparé à base de porc, boeuf, poulet, chorizo, boudin noir, chou, pommes de terre, carottes et patates douces. Il est confectionné par les restaurants locaux qui disposent tous les ingrédients dans des marmites, puis les amènent près du lac le matin et les mettent dans les trous. Celles-ci sont fermées par un couvercle et recouvertes d’un linge blanc et sont ensuite plongées dans les petits trous dans le sol puis recouvertes de terre. La cuisson se fait grâce à la vapeur du volcan pendant environ 6 heures.

Si vous voulez observer comment cela se déroule, vous pouvez venir le matin vers 11h, à l’heure où les restaurateurs viennent chercher leurs marmites. Un des restaurants les plus populaires pour en manger à Furnas est le restaurant Tony’s.

Cozido das furnas à gauche et les fumerolles de Furnas dans lesquelles cuit le cozido. 

2 : La ginjinha d’Obidos

Une autre des spécialités culinaires portugaises à découvrir c’est la « Ginjinha». Mais, qu’est-ce que ce drôle de gros mot ?  Je n’avais jamais entendu parlé de cela avant de m’installer au Portugal. J’avoue d’ailleurs que c’est au départ son nom « rigolo » et le fait de voir ce nom sur les façades de plusieurs petites échoppes lisboètes qui a suscité ma curiosité. La ginjinha ou ginja est une liqueur traditionnelle du Portugal à base de griottes fermentées, d’eau de vie et de sucre.

La ginginha est fabriquée grâce au fruit du même nom : Ginja ou Ginjinha, un fruit à la couleur rouge et à la saveur douce et amère, semblable à la griotte. Ce fruit est arrivé d’Asie au Portugal vers le XVe siècle. Ensuite, l’origine de la recette telle qu’on l’a connait aujourd’hui serait une recette de moines, qui ont infusé le fruit Ginja dans du brandy. Au départ, utilisée comme mélange pour des pratiques médicinales, elle serait devenue avec le temps une liqueur fortement consommée des portugais.

On la boit traditionnellement dans des sortes de petites tasses en chocolat avec ou sans le fruit entier (la griotte) dans le verre. S’il y a la griotte on parle de ginginha « com elas » (qui veut dire « avec elles ») et s’il n’y a pas la griotte, on parle de ginginha « sem elas » (qui veut dire « sans elles »).

Vous trouverez cette liqueur assez facilement partout au Portugal même si celle-ci est originaire des villes d’Alcobaça et Obidos, au centre du Portugal.

Ne manquez pas de la tester dans les petits bars à Ginjinha, une expérience typique et unique. Ces petits bars sont souvent cachés au détour d’une rue et vraiment tout petits ! Un petit verre coûte en principe 1€/1,50€ et il faut compter entre 15€/20€ pour une bouteille entière de Ginginha. Voici deux adresses connues à Lisbonne : Ginjinha Sem Rival , une institution de plus de 100 ans dont le propriétaire actuel est le petit-fils du fondateur et A Ginjinha, aussi très connue, c’est le premier bar a commercialiser la ginginha espinheira en 1840.

Ginginha dans une tasse en chocolat à gauche et une boutique typique qui sert de la ginginha à droite. 

3 : Alheira de Mirandela

Au nord-est du Portugal, se situent les régions de Trás-os-Montes et de Beira Alta dont fait partie la ville de Mirandela. L’alheira est une saucisse incontournable de la cuisine portugaise. Le nom alheira vient du mot portugais alho signifiant ‘ail’. En 2011, ce plat est d’ailleurs devenu l’une des sept merveilles gastronomiques du Portugal. Cette saucisse ne comprend pas de porc. Elle est composée de volaille, de pain, d’huile d’olive, d’ail et de piment, et a un goût fumé. L’alheira est consommée comme un plat, elle est grillée ou rôtie puis servie avec des légumes sautés à l’ail et des pommes de terre, le tout bien arrosé d’huile d’olive comme quasiment tous les plats portugais, vous le savez maintenant, si vous lisez régulièrement le blog 🙂

Pour la petite histoire, en 1492, le roi Ferdinand d’Aragon envahit le palais de l’Alhambra à Grenade, en Espagne. Connu sous le nom de “Roi Catholique” pour sa dévotion chrétienne, il commence à persécuter les Juifs espagnols. Confrontés à l’Inquisition espagnole, les Juifs espagnols s’enfuirent au Portugal, où le roi Jean II leur a donné asile jusqu’au XVIe siècle.  Les juifs essayaient de se faire passer pour des chrétiens. Ainsi, ils assistaient aux messes, et dans la région de Trás-os-Montes, au nord du Portugal, le subterfuge allait encore plus loin. Comme le judaïsme interdit de manger du porc, l’un des moyens trouvés par les inquisiteurs pour découvrir les « menteurs » était de voir si la porte de leur maison avait des saucisses de porc suspendues. À Mirandela situé à 149 kms de Porto. Il était courant d’y voir des familles mettre des bottes de saucisses de porc à l’extérieur et il était donc facile d’identifier les “étrangers”. Les Juifs ont alors créé cette saucisse sans. porc… qui ressemblait à la saucisse de porc traditionnelle. C’est comme cela qu’est née l’ alheira. Plus tard, lorsque l’Inquisition prit fin, l’alheira resta dans les traditions et devint un plat typique portugais.

Ce plat est largement consommé dans la région de Mirandela et notamment durant la « festa de Mirandela em honra de Nossa Senhora do Amparo », une fête traditionnel fêtée tous les ans fin juillet / début août, avec 14 jours de fêtes.

Alheira à gauche et la ville de Mirandela à droite

4 – Ovos Moles d’Aveiro 

Les « ovos moles » se traduisent par « œufs mous » … pas hyper glam comme nom, je vous l’accorde mais ce sont une des spécialités portugaises à découvrir. Ces œufs mous sont une spécialité d’Aveiro,  petite ville côtière située au sud de Porto et dont je vous parle très souvent ici sur le blog mais aussi sur l’Instagram Vivre au Portugal (au passage, pensez à suivre la page Instagram pour voyager encore plus au Portugal).

Les ovos moles sont une confiserie à base de jaunes d’oeufs, de sucre et d’eau, enrobée d’une fine enveloppe d’hosties. Les formes traditionnelles de cette gourmandise sont des poissons ou des coquillages.. Je préfère vous mettre en garde, mieux vaut mieux aimer l’oeuf, car le goût du jaune d’oeuf est bien présent. Je vais être franche avec vous, à titre personnel je ne me battrai pas pour acheter une boite car je n’en suis pas très fan mais je pense qu’il est toujours intéressant de goûter un produit typique du pays donc je vous invite à vous faire votre propre avis. En plus, les ovos moles sont une spécialité culinaire portugaise que vous ne trouverez nulle part ailleurs donc autant en profiter si vous avez l’occasion d’essayer… Il ne faut pas mourir bête n’est ce pas 😉

Aujourd’hui, la recette des « ovos moles » est « protégée ». Ils ne peuvent être produits que dans la région d’Aveiro. C’est d’ailleurs la première spécialité culinaire portugaise a avoir eu sa recette protégée. Les « ovos moles » d’Aveiro génèrent plus de 5 millions d’euros de chiffre d’affaires par an !  Un sacré business !

Ovos moles à gauche, et le centre d’Aveiro à droite

5 – Choco frito de Setubal 

« Choco frito » : si vous essayez de deviner ce qu’est ce plat à partir de son nom, vous penserez peut-être à du « chocolat » à cause de « choco » et « frit » pour « frito » mais le « choco frito » est-il du chocolat frit ? Hummmmm … Non pas du tout ! Le choco frito est de la seiche frite.

Le choco frito est un plat portugais traditionnel issu de la région de Setubal, petite ville de pêcheur à 40 minutes au sud de Lisbonne qui est prêt des magnifiques côtes de la serra da Arrabida (pour moi, les plages les plus belles du Portugal) !

La seiche est bouillie avec de l’ail et des feuilles de laurier, marinée dans du jus de citron et du vin, puis panée dans de la farine de maïs avant d’être frite. Ce plat qui est frit est accompagné de … tenez-vous bien … de frites .. donc, vous l’aurez compris, il ne s’agit pas d’un plat très « light » mais si vous êtes de passage à Setubal c’est vraiment LE plat à tester puisque c’est LA spécialité de la ville. Je vous rassure, en plus des frites, il y a aussi de la salade et des rondelles de citron pour presser le jus de citron sur le choco frito, une petite touche acidulée qui révèle le plat.

Choco frito à gauche et le centre ville de Setubal à droite

6 – Leitão da Bairrada

Le cochon de lait da Bairrada est un des plats incontournables de la région de Bairrada, plus particulièrement de la ville de Mealhada, au centre du Portugal, entre les jolies villes de Coimbra et Aveiro dont je vous parle dans mon article 4 villes du centre ville du Portugal que vous allez adorer.

Le cochon de lait grillé est relativement peu consommé en France, alors qu’au Portugal, c’est un plat très prisé. Il s’agit, vous l’aurez compris, d’un cochon de lait, cuit plusieurs heures au barbecue et accompagné de frites ou servi dans du pain comme un sandwich.

C’est si populaire dans la région de Bairrada qu’il y a même chaque année une fête dédiée au cochon de lait appelée la festa do leitão da bairrada. La date de 2023 n’est pas encore fixée mais les « festas » au Portugal sont toujours très animées et typiques, donc à ne pas manquer si vous êtes dans le coin et que vous avez envie de vous imprégner encore plus de la culture portugaise.  L’année dernière il s’agissait de la 27ème Festa do Leitão da Bairrada est c’était dans la petite ville d’Agueda.

En termes d’adresses pour tester le Leitão de Bairrada, vous aurez l’embarras du choix. Je vous conseille d’aller à Mealhada, le berceau de cette spécialité culinaire portugaise. Le restaurant Pedro dos Leitões, une institution qui sur son site affirme avoir été le premier à servir cette spécialité. Castiço est également un autre restaurant très prisé, ouvert depuis 1975.

Mon petit conseil : Melhada est située sur l’autoroute entre Porto et Lisbonne, profitez-en pour faire une petite pause et déguster cette spécialité culinaire portugaise. D’autre part, n’ayez pas peur de la décoration des restaurants qui sont souvent « dans leur jus », tables et chaises en bois, déco peu moderne … Ce sont dans ces restaurants-là que vous mangerez le mieux au Portugal ! Croyez-moi : plus c’est « moche », plus c’est bon 🙂

Leitão à gauche et le centre ville de Coimbra à droite

En conclusion

Je me répète mais l’histoire du Portugal, ses traditions, sa culture, se reflètent assez bien dans sa gastronomie. Ainsi, découvrir les spécialités culinaires portugaises vous permettra vraiment de vous imprégner de la culture portugaise. Mon conseil est vraiment d’oser tester et de ne pas avoir peur de sortir de votre zone de confort. D’autre part, je vous conseille vivement de demander la spécialité de la ville, région ou du restaurant.

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